Cohabiter avec les araignées
Ca va de soie!
Le vaste groupe des arachnides regroupe les scorpions, les acariens, les opilions (plus communément appelées faucheux, avec leur minuscule corps en boule et leurs longues pattes) et les araignées. Ces dernières produisent toutes de la soie, mais la moitié environ ne tissent pas de toile pour piéger leurs proies, privilégiant un mode de vie errant, que ce soit dans la végétation ou sur la litière du sol. Elles chassent leur proie en leur courant derrière comme les araignées-loups, en leur bondissant dessus comme les araignées sauteuses ou en se camouflant à l'affût comme les araignées crabes. Ce sont de redoutables prédateurs, capables d'ingurgiter 10 à 20% de leur propre poids par jour.
A ce titre, les araignées sont de vrais insecticides naturels. Un vieil adage raconte qu'une maison abritant des araignées est une maison saine. J'aime me le rappeler quand je vois les toiles asymétriques du pholque phalangide dans les coins du plafond. Cet arachnide très commun dans nos habitations et reconnaissable à ces très longues et fines pattes, fait le ménage chez les mouches et moucherons. D'autres espèces vivent cachées derrière les meubles et sous les canapés. Très sensibles au dérangement, elles nettoient le plancher en toute discrétion. Je ne suis pas certain qu'un voyage dans le sac de l'aspirateur soit la meilleure récompense qu'on puisse leur offrir. Sans les araignées, un joli tapis d'insectes nous servirait de moquette...
Il me paraît impossible de trouver un endroit dans le jardin sans un arachnide à moins d'un mètre de distance. Elles sont partout. L'image est saisissante les matins de brouillard et de bruine, lorsque des dizaines de toile sont perlées de goutte d'eau, mettant en valeur leur travail d'architecte et leur omniprésence. Toiles géométriques, en nappe, en tube... il y a autant de manière de tisser que d'espèce à différencier.
Ouvrir son cœur aux araignées, pourtant, est une mission impossible pour beaucoup. Mais d'où vient cette appréhension? Qui y-a-t-il de différent entre l'adorée coccinelle ou la détestée épeire ? Les arachnides ont en commun avec les insectes l'absence de squelette interne au profit d'un exosquelette, une carapace rigide qu'il faut changer au fur et à mesure des mues. Ils partagent aussi des pattes articulées. Les insectes en ont 6, les arachnides ont 8 : la phobie se joue-t-elle à une paire de pattes près ? Est-ce sinon à cause de leur aspect velu? Rassurons-nous alors, ce ne sont pas de vilains poils mais au contraire des soies sensorielles qui aident l'araignée à décrypter son environnement. Est-ce à cause de leur dangerosité ? Là encore, il y a malentendu, car sur les 1750 espèces d'araignées en France, aucune n'est en mesure de tuer un homme. Toutes sont venimeuses de part leur mode de prédation, certes, mais cela ne veut pas dire dangereuses! La plupart de nos espèces locales mesurent 5mm environ, et leurs crochets sont bien trop petits pour nous traverser notre peau et nous mordre. Aucun danger donc et ils ne faudrait pas systématiquement les rendre coupable tous les boutons et rougeurs de notre peau en sortant d'une nuit à se gratter... Bien souvent, l'araignée n'y est pour rien !