Sylvain Lefebvre - Curieux de Nature

Rendre son jardin vivant

Un safari à domicile?

De l'abeille au hérisson, du rouge-gorge au papillon, un jardin vivant est l'occasion de vivre chez soi des safaris surprenants. A quelques kilomètres de Rennes, en Bretagne, je me prête depuis plusieurs années, en famille, à l'expérience d'un jardin réaménagé en refuge pour la biodiversité. Un voyage sans avion, où la magie nait de la libellule et du triton. Potager, mare, nichoir, tas de bois : l'extraordinaire se cache dans l'ordinaire. Récit d'une aventure naturaliste d'ultra-proximité, ludique et à portée de tous !

 

Alors comment attirer la faune sauvage chez soi ? S'il n'y a pas de schéma type pour un jardin vivant, une règle d'or existe : BIO et DIVERSITE ! Plus la variété des aménagements et des plantes qui composent votre jardin sera grande, plus le nombre d’espèces recensées sera élevé.

Un jardin sauvage, naturel, ou écologique est un espace où la nature a sa place et qui offre à la faune locale un ensemble de microhabitats, naturels ou artificiels, pour se nourrir, s'abriter, se reproduire. Une fois bannis tout insecticide, fongicide, herbicide ou engrais chimique, l'idée est de quitter peu à peu le désert biologique que propose le gazon, pour tendre vers une surface où la diversité sous toute ses formes sera la clé de la réussite. Il faut donc apprendre à partager son espace pour cohabiter avec des oiseaux, des reptiles, des amphibiens, des mammifères, des mollusques ou des arthropodes. Dans un jardin vivant, il faudra oublier les notions de mal-aimés ou de mauvaises herbes. Prairies fleuries, point d'eau, haies nourricières, murs de pierre, tas de bois doivent trouver une place aux côtés d'une variété de gîtes, de cachettes, d’anfractuosités ou de nichoirs (photos plus bas).
Les quelques chiffres et le plan que je vous propose ici donnent un aperçu global de la façon dont nous avons occupé notre terrain : une mosaïque propice à recevoir de nombreux visiteurs avec près de la moitié de la surface totale dédiée au vivant. Il est évident que notre jardin ne fait pas apparaître de nouvelles espèces, mais il a le mérite d'offrir gîte et couvert toute l'année pour celles qui souhaitent en profiter. Trente espèces d'oiseaux, sept d'amphibiens, une de reptile, neuf de mammifères et bientôt une centaine d'insectes et araignées : voilà le résultat de notre modeste inventaire familial...
 
SURFACE TOTALE : 1200m2 – 100%
 

ZONE DE VIE : 660m2 – 55%  > Maison: 90m2.   > Abris de jardin, cabane, dalles et terrasse, zone de gravier/stationnement : 130m2    > Gazon, aire de jeu : 440m2

ZONE DE PRODUCTION : 250m2 – 20  > Potager : 50m2   > Fruitiers, plantes aromatiques (sol paillé) : 120m2   > Aire des poules : 80m2

ZONES REFUGE : 290m2 – 25%  > Espace fleuris, arbustes: 100m2    > Espace boisé, végétation spontanée : 80m2    > Haie de bois mort, tas de bois, lierre : 40m2   > Mare : 10 m2   > Muret et pyramide de pierres sèches non cimentées: 10m2    > Sandarium (tas de sable) : 10m2    > Haie de Thuyas (diminuée de moitié) : 30m2   > Compost et déchets vert : 10m2

Pour ceux qui pensent qu'il est plus facile de céder quelques mètres carrés à la biodiversité quand on a un grand terrain, il faut bien comprendre que même un balcon peut se transformer en une petite zone de nature. Quelques plantes mellifères judicieusement choisies, un nichoir ou un gîte à abeilles bien placés ne nécessitent pas de grands sacrifices, vous en conviendrez.

Je me souviendrai toute ma vie des deux nichoirs installés par mes grands-parents sur leur balcon au troisième étage d'un immeuble en centre ville, en région parisienne. Autant dire qu'on est loin d'un grand jardin en campagne. Chaque année, cependant, des mésanges bleues et charbonnières viennent y nicher. De même, les hérissons et les libellules peuvent s'inviter en ville et les abeilles bourdonner sur le toit des grandes métropoles. La petite faune ne demande souvent qu'à être bien accueillie. Me voilà donc, j'espère, dédouané d'un quelconque commentaire sur les 1200m2 de notre terrain familial qui facilitent certainement la diversité des aménagements proposés et des espèces rencontrées, mais qui ne justifient pas le fait de se lancer ou non dans l'exercice du jardin, ou du balcon vivant.

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